Informations spéciales
Actualité inondations NAT

Polynésie première

Bilan climatique de la saison chaude 2023-2024

12/06/2024

La saison chaude 2023-2024 a pris officiellement fin le 30 avril dans le Pacifique Sud.

Une saison chaude atypique

Pilotée par un fort El Niño, la saison chaude a vu le passage de plusieurs dépressions tropicales dont une qui a atteint le stade de tropicale forte. Il s’agit de « Nat » qui a navigué de l’ouest au sud-est de la Polynésie française en février et généré des rafales jusqu’à 130 km/h au plus proche du centre. Bien que la répartition des températures affiche un cas classique d’un El Niño, chaud au nord, plus frais au sud et normale au centre, les pluies ont montré un comportement atypique, loin des schémas classiques d’un El Niño. En dehors des îles-sous-le-vent et des Gambier qui ont observé une saison des pluies excédentaire, le reste du territoire a connu un bilan pluviométrique déficitaire.

Pics de chaleurs et inconfort bioclimatique

Un phénomène El Niño se traduit par des températures plus chaudes que la normale au nord du territoire et moins chaudes que la normale sur le sud. Ainsi des pics de chaleur ont été mesurés surtout fin février début mars sur les Tuamotu nord, la Société et sur les Gambier. A Takaroa, pendant 10 jours consécutifs, les anomalies ont dépassé les +1°C, tant le jour que la nuit. Sur cette même période à Faa'a, les hausses de températures nocturnes ont varié entre +1°C et +2,5°C. Si on ajoute à ces journées une forte humidité et des vents calmes, le ressenti bioclimatique peut alors atteindre le stade d’inconfort.

Courbes des température minimales et maximales quotidiennes mesurées à la station de Faa'a du 1er novembre 2023 au 30 avril 2024. En rouge les périodes avec des températures au-dessus de la moyenne de référence et en bleu les périodes avec des températures en dessous de la moyenne de référence.

Pluie intense et période de sécheresse

Le territoire a vécu durant cette saison chaude des épisodes de pluies intenses qui se sont traduits par un cumul supérieur ou égal à 150 mm en 24h.

Ainsi, en novembre, grains et orages touchent les Gambier qui enregistrent deux nouveaux records pour un mois de novembre ; un cumul quotidien de 223,2 mm le 16, l’ancien record de 145,6 mm remonte au 07/11/1994 et un cumul mensuel de 723 mm, l’ancien record de 702 mm remonte à novembre 1988.

Les 6 et 7 décembre un épisode pluvio-orageux intense affecte la Société engendrant de nombreux dégâts : routes et maisons inondées, coupure d’électricité, éboulements et chutes d’arbres mettant à mal la circulation routière. A Opoa, il est tombé 183,4 mm en 24h dont 152,1 mm en deux heures.

Du 10 au 12 février le passage de la dépression faible TD09F dans le sillage de la dépression tropicale forte « Nat » affecte la Société, engendrant de fortes crues sur Tahiti et des cumuls de pluies en 24h supérieures à 200 mm à Raiatea et Tahaa.

Cependant ces épisodes intenses ne touchent pas toutes les îles et sont souvent suivis de longues périodes sans pluies. Ainsi on comptabilise une moyenne mensuelle de jours sans pluies (≤ 1mm) entre 15 pour les Gambier et 22 pour les Marquises. En mars Faa’a comptabilise 27 jours sans pluie.

Ces conditions climatiques ont eu un impact sur l’évapotranspiration (ETP1) de la végétation des îles, avec sur les Marquises, les Tuamotu et les îles-du-vent un ETP déficitaire et sur les îles sous le vent, les Gambier et l’extrême sud des Australes un ETP excédentaire.

Le tableau ci-dessous présente l'évolution des paramètres de température, de pluie, de vent, d'insolation et d'évapotranspiration potentielle (ETP), en fonction de la moyenne de saison (novembre à avril).

- le signe "+" sur fond rouge signale des valeurs plus élevées que la moyenne.

- le signe "-" sur fond bleu signale des valeurs plus faibles que la moyenne.

- le signe "=" sur fond vert signale des valeurs proches de la moyenne.

- les cases grises signalent qu'il n'y a pas de données disponibles.

(1) L'évapotranspiration potentielle (ETP) représente la quantité d'eau qui s'évapore et qui est transpirée par une couverture végétale en pleine croissance, en bonne santé et suffisamment  approvisionnée en eau. Elle est uniquement influencée par les conditions météorologiques en cours.